Notre manifeste
Le collectif Entreprises illégitimes dans l’Enseignement supérieur (EIES) est né du constat de la place croissante prise par les entreprises privées dans l’enseignement supérieur et la recherche. Face aux crises environnementales et sociales auxquelles ces entreprises participent incontestablement et dont les mécanismes sont aujourd’hui largement documentés, leur omniprésence dans l'espace académique nous est intolérable. Les universités, comme les écoles, sont supposées être des lieux d’apprentissage au service de l’intérêt général. Sous couvert de neutralité, elles deviennent peu à peu l’antichambre des intérêts du privé, voire le bras armé intellectuel des pires industries, s’éloignant ainsi des valeurs originelles de l’université. L’enseignement supérieur est en voie de se privatiser, il est urgent d’y opposer des résistances afin de le protéger des intérêts des industries privées.
Le collectif EIES, composé d’étudiant·es, d’ancienn·es étudiant·es, de doctorant·es, de militant·es, s’est donné pour mission de recenser et de cartographier les liens d’influence des entreprises privées dans l’enseignement supérieur afin de rendre ces informations transparentes et accessibles, de décrire ces mécanismes ainsi que leurs conséquences sociales et politiques.
L’entrée dans l’enseignement supérieur est un moment clé au cours duquel les étudiant·es sont supposés acquérir des savoirs, des méthodologies, réfléchissent à leur orientation professionnelle et personnelle et construisent leurs valeurs et opinions. Les universités et les écoles devraient être des lieux de l’échange des savoirs, de la construction de la pensée critique et du débat d’idées. L’accaparement par des entrept sociales ? Les activités de ces entreprises ont-elles une utilité collective, sociale et environnementale ? Pour certains secteurs, effectivement indispensables, ne vaut-il pas mieux sortir des logiques concurrentielles tournées vers le profit ? Est-il souhaitable que ces entreprises continuent à grandir et à dominer l’espace économique, politique et culturel ?
L’influence des entreprises se matérialise de diverses manières. Nous avons établi une liste de de liens répartis dans quatre catégories : la gouvernance, l’enseignement, la vie étudiante et l’orientation professionnelle. A partir de cette typologie, nous avons recensé, cartographié et analysé des milliers de lignes de données, cherché, récolté des informations auprès d’étudiant·es, et recensé ces liens entre entreprises privées et universités ou écoles du supérieur. Une méthodologie plus détaillée se trouve sur notre site.
Par ce travail, encore parcellaire, nous voulons montrer l’aspect systématique du problème : tous les types d’écoles, d’universités ainsi que tous les types d’entreprises, de la multinationale historique à la start-up innovante, sont impliquées, et cela occupe chaque espace de l’enseignement supérieur. Nous encourageons les communautés étudiantes, universitaires et académiques à se saisir de nos données, de nos constats, à approfondir nos recherches et à exiger un enseignement supérieur public, transparent, libre des intérêts du secteur privé. De nombreuses initiatives en ce sens existent déjà, parfois difficilement. Nous voulons également dénoncer la répression que subissent parfois celles et ceux qui osent apporter des critiques.
Nous vous invitons à lire notre argumentaire détaillé ici.